AFRIQUE VRAIE

AFRIQUE VRAIE

| Les tares de l'économie traditionnelle des peuples africains...

LES TARES DE L’ECONOMIE TRADITIONNELLE DES PEUPLES AFRICAINS   À L’AUBE DU III ème MILLENAIRE

 

                    

                      Par David MIYENGA MIYENGA

                                                                                                   

 

     En guise d'introduction: 

La problématique du sous-développement des sociétés africaines est une question qui doit être abordée avec objectivité et scientificité, afin d’imaginer de façon plus efficace les solutions à apporter aux tares économiques de ces peuples, à l’aube du IIIème millénaire.

 

La recherche de solutions au sous-développement de nos sociétés doit être motivée par une constatation formelle, sur le terrain, d’une culture économique de nature à compromettre l’épanouissement de l’homme, et du paysan en particulier (car c’est singulièrement de l’économie paysanne que nous voulons parler). Et non par une quelconque comparaison avec les sociétés dites développées, portant sur une définition erronée du bonheur.

 

Ainsi, seul un africain ayant véritablement eu une vie rurale en Afrique peut et doit parler en connaisseur de la problématique économique de nos campagnes.

 

Donc, toute personne originaire d’une agglomération rurale de la région côtière camerounaise et y ayant passé son enfance et une partie de sa vie adulte, pour peu qu’elle soit observatrice, est nécessairement préoccupée par le caractère encore très archaïque de notre économie traditionnelle (dans le cas particulier de cette région).

 

Mais ce n’est pas l’archaïsme en soi de cette économie qui nous pose un problème, mais plutôt le fait que cette culture économique compromet gravement le développement et l’épanouissement des paysans, à l’ère de la mondialisation.

 

Nous traiterons ici de la question de la valeur économique des myôndô (sorte de bâtons de manioc) et du vin de palme, produits et commercialisés dans la région côtière du Cameroun.

 

 

I- À PROPOS DE LA PRODUCTION ET DE LA COMMERCIALISATION DES MYÔNDÔ

 

Présentation

 

Les myôndô sont un produit alimentaire dérivé du manioc par trempage des tubercules et extraction et broyage du comestible… De la pâte blanchâtre est emballée et doublée, dans des morceaux de limbe de bananier ou d’autres plantes, ou des feuilles entières, et affermie par un fil végétal spiralé.

 

L’aliment est consommé cuit à la vapeur d’eau.

 

LA PRODUCTION

 

La production des myôndô comporte deux grandes phases : la pré-production, qui consiste en la production du manioc, et la production proprement dite des myôndô.

 

La production du manioc

 

Précédée par le débroussaillement de la portion à cultiver, elle vas du bouturage à la récolte, en passant par l’entretient du champ.

 

      La production proprement dite des miôndôs

 

Les tubercules déterrées sont épluchées et trempées dans de l’eau (dans certains cas le trempage précède l’épluchage). Au bout de quelques jours les tubercules ramollies sont rincées, épurées et écrasées. La pâte blanchâtre (appelée également  myôndô) obtenue est celle que nous avons évoquée à la présentation.

 

LA COMMERCIALISATION

 

Le prix d’un paquet de 20 myôndô tourne autour de 250 Fcfa. Et toute personne témoin oculaire du processus de fabrication des myôndôs est scandalisée par ce prix qui ne correspond absolument pas à la quantité de travail fourni, ni au temps mis pour produire les myôndô, et qui ne tient compte que très rarement du rapport de l’offre et de la demande.

 

Voilà qui commence à fournir une explication à la paupérisation des paysans dans les campagnes africaines.

 

La valeur marchande des myôndôs devrait être liée à :

1) la valeur du terrain exploité ;

2) l’effort fourni pour le débroussailler ;

3) l’effort et le temps mis pour le nettoyer ;

4) le travail fourni pour le semis ;

5) la valeur des boutures ;

6) l’effort et le temps mis pour l’entretien du champ ;

7) l’effort fourni pour le déracinement et le transport du manioc ;

8) le travail fourni pour l’épluchage, le trempage, l’épurement et le broyage ; la valeur de l’eau utilisée ;

9) les risques d’accident encourus ;

10) le travail fourni et l’argent dépensé pour l’emballage des myôndôs qui, à lui seul, est suffisamment pénible pour justifier un prix égal au moins à 250 Fcfa le paquet de myôndô.

 

Mais les paysannes productrices des myôndô semblent faire complètement abstraction des neuf premières étapes de la production, pour ne considérer que la dernière, qui n’est que l’achèvement du long processus que nous avons décrit.

 

Il est à noter que les paysannes déboursent souvent beaucoup d’argent pour faire débroussailler le terrain à cultiver, et que une fois les myôndôs prêts pour la vente, nos pauvres productrices doivent souvent se réveiller à quatre heures du matin (voire trois heures) et parcourir des kilomètres à pieds, fardeau sur la tête, pour aller elles-mêmes vendre leurs produits au marché le plus proche, et que tout cela n’est jamais pris en compte dans l’évaluation des myôndô.

 

Avec les myôndô aussi sous-évalués, la paysanne qui a pour presque seule activité lucrative la fabrication des myôndôs doit faire huit paquets de myôndôs, soit 180 bâtons, pour gagner 2000 Fcfa, juste de quoi offrir le repas d’une journée à une famille de quatre personnes.(Inutile de rappeler que les familles dans nos campagnes comptent souvent plus de 6 personnes).

 

La paysanne mère de famille ne gagne donc jamais assez pour s’occuper d’autre chose que le ventre des membres de sa famille, à moins de ne jamais bien manger. C’est ainsi que la viande de bœuf, couramment consommé dans nos pays ne se retrouve jamais dans le plat de la paysanne. (Heureusement que l’organisme humain peut se passer de viande).

 

La paysanne mère de famille travaille donc sans cesse, sans jamais avoir de jour de repos. Mais combien gagne-t-elle ?

 

Faisons une tentative de réévaluation des myôndôs, sur des bases plus rationnelles et plus justes, qui tiennent compte des différentes étapes de la production, afin de mettre en évidence le préjudice socio-économique porté aux paysannes productrices des myôndôs.

Un peu de mathématique

 

Soit x le prix du paquet de myôndôs tournant autour de 250 F CFA. Nous avons fait remarquer que la pénibilité de la dernière étape de la production, qui consiste en l’emballage des myôndôs, est suffisamment importante pour justifier à elle seule ce prix.

 

Supposons maintenant que x soit la rétribution exigible pour chacune des dix étapes de la production. Le prix d’un paquet de myôndôs serait donc 10x, c’est-à-dire environ 2 500 F CFA !

 

Faisons même preuve de mesure en faisant abstraction de certaines étapes pour ne considérer que le travail et le temps fournis pour le défrichage, le nettoyage, le bouturage, le déracinement et transport du manioc, l’épluchage, et en fin l’emballage, soit 6 étapes au total. Un paquet de myôndôs coûterait donc 1500 F.

 

Faisons même une dernière concession : supposons que x n’est exigible que de moitié pour les cinq autres étapes, c’est-à-dire d’environ 125 F. La productrice vendrait alors un paquet de myôndôs à 875 F CFA. Or elle le vend à combien ? À 250 ! Quel préjudice !

      

      (*)

Or il est clair que personne n’accepterait d’acheter un paquet de 20 myôndôs à 1500 F, même pas à 875. Surtout quand un paquet de spaghettis de 500 F est pratiquement l’équivalent (en termes de ration alimentaire) de 2 paquets de myôndô, et qu’avec 250 F on a plus de deux boîtes de riz, qui seraient quant à elles l’équivalent d’un paquet de myôndôs.

 

Alors quelle solution apporter à cet état de chose ? Que faire pour que le revenu  de la paysanne productrice de myôndôs soit juste et équitable ?

 

Il apparaît dans le paragraphe (*) qu’une réévaluation des myôndôs qui consisterait à multiplier le prix actuel du paquet par 3, 4 ou 5 serait une mauvaise solution. La modernisation de la production des myôndôs apparaît donc comme une nécessité. Celle-ci devra permettre de réduire la pénibilité du travail et le temps mis pour l’effectuer et d’établir ainsi entre la production et le prix de vente des myôndôs une corrélation qui rende plus juste et plus équitable le revenu de la paysanne productrice sans procéder à une réévaluation outrancière du produit.

 

La modernisation de la production des myôndô consistera en la mécanisation du travail, de la manière suivante :

 

1) substituer à l’utilisation systématique de la machette celle d’une machine qui rendrait plus rapide et moins pénible le débroussaillement ;

2) utiliser également une machine pour le nettoyage du terrain débroussaillé (après brûlage);

3) substituer à l’utilisation manuelle de la houe celle d’une machine qui rendrait plus rapide et mois pénible   le bouturage ;

4) (inventer et) utiliser une machine à déraciner le manioc ;

5) utiliser un automoteur pour le transport du manioc ;

6) (inventer et) utiliser (éventuellement) une machine à éplucher les tubercules.

 

      Quant au broyage, sa mécanisation est déjà une réalité, qui reste tout de même à revoir. Celle de l’emballage

      semble n’être pas envisageable.     

 

Cette mécanisation ne sera possible qu’à travers une volonté politique visant à généraliser la modernisation de l’agriculture. En effet, il est du devoir de l’Etat d’apporter à ses agriculteurs l’assistance technique nécessaire en vue d’un progrès économique véritablement bienfaisant ; sans laquelle les productrices de myôndôs n’auront pas d’autre option que d’augmenter le prix du paquet. Mais pour cela il leur faudra s’associer et s’organiser en syndicat. Elles pourront alors fixer le prix du paquet à 500 F ; et on verra ce que cela donnera.

 

 

II- À PROPOS DE LA PRODUCTION ET DE LA COMMERCIALISATION DU VIN DE PALME

             

           ( ... En cours d'écriture )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                             


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